18 mai 2018
Mike the Bike, 37 ans déjà…
A l’instar de John Surtees le plus célèbre pilote moto converti à l’automobile, Mike Hailwood accomplit une carrière hybride. « Mike the Bike » prit goût à varier les activités sportives mécaniques. Il associa simultanément compétition deux roues et quatre roues puis après s’être forgé un fantastique palmarès moto se tourna à plein temps vers l’automobile. Un syndrome de voracité qui colle bien à son époque.
par François Coeuret
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06 août 2016
Krissémon Go ...
Pour nous, et sans doute pour pas mal d'autres, tout a probablement dû commencer peu de temps après ce funeste Grand Prix de Monaco 1967, épreuve suite à laquelle allait périr de façon tragique le premier pilote de la Scuderia Ferrari, pilote italien de surcroît.
Les projecteurs furent alors instantanément braqués sur son coéquipier, un garçon au look encore juvénile venu de très loin, enfin des antipodes, de cette Nouvelle-Zélande qu’on avait un peu de mal à situer sur une carte, mais qui nonobstant se révélait prolifique en pilotes de talent.
Ce type au casque identifiable entre mille s’appelait Arthur Chistopher Amon, on ne savait pas trop s’il fallait prononcer « krissamone » ou « krissémone », il allait d’emblée jouir d’une cote affective assez élevée chez les fans et du fait sans doute de l’absence de Français dans la catégorie reine [1], fit rapidement partie de mes pilotes fétiches…
par Francis Rainaut
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10 novembre 2014
AMON SCORES FOR LOLA
Une victoire de Chris Amon, la « dernière » du circuit de Solitude, l'ultime apparition en course de Jacques Maglia (1 & 2)... cela fait trois événements suffisamment rares pour qu’une note leur soit consacrée.
(librement adapté d'un article d'AUTOSPORT July 23, 1965)
Francis Rainaut
AMON VAINQUEUR SUR LOLA
Dans une course fertile en rebondissements et en épisodes tragiques, Chris Amon a conduit brillamment pour remporter dimanche dernier en Allemagne le Grand Prix de Solitude de Formule 2. Il fallait pour gagner tout l’immense talent du jeune Néo-Zélandais, parfaitement secondé par l’endurance de sa monture, une Lola-Cosworth du Midland Racing Partnership; jamais l'ensemble ne manqua de rythme.
Alan Rees et Gerhard Mitter amènent leurs Brabham-Cosworth du team Winkelmann aux deuxième et troisième place, le premier nommé réussissant le meilleur tour – nouveau record – pendant la dernière phase, une fois le difficile et sinueux circuit routier de 11,4 km réellement mis en mains.
Cependant la tragédie s'invita lors d'un premier tour mouvementé lorsque le pauvre Jacques Maglia, un jeune Français qui essayait de se faire un nom depuis déjà quelques saisons et semblait enfin sur la voie du succès, sortit de la route avec sa Lotus-Cosworth privée et subit alors de très graves blessures.Avec tout le cirque des Grand Prix parti pour Zandvoort, les équipes de F2 les plus importantes durent trouver d’autres pilotes tandis que cette ardente bande d’enthousiastes, les indépendants, dont la présence dans les différents meetings n’est pas toujours très bien appréciée - financièrement parlant - par les organisateurs, souriait davantage que d’ordinaire.
Vingt-cinq paires d’yeux anxieux guettaient le starter après que les mécaniciens, les parasites, etc., aient évacués la grille. Le régime des moteurs augmenta, puis diminua après que le signal des 1 mn fut donné. Trente secs., 10 secs., et alors le régime augmenta une fois de plus jusqu’à ce que le starter abaisse le drapeau allemand. Ce fut un départ propre, avec Trevor Taylor jaillissant de la seconde ligne pour prendre la tête dans la première grande courbe à gauche en haut de la colline menant vers la courbe Hederbach, une des parties les plus lentes du tracé. Juste derrière lui suivaient Revson, Amon, Rees, Beckwith et Ahrens, avec Maglia menant le peloton suivant.
(1) Jacques Maglia fut le « protégé » du poète Jean Genet, relisons ce dernier:
« Cela me paraissait bête au début, me paraît assez grave et assez beau aujourd'hui. il y a un côté dramatique et esthétique de la course bien faite. Le coureur est seul comme Oswald [l'assassin de Kennedy]. Il risque la mort. C'est beau quand il arrive premier. Il faut des qualités d'extrême délicatesse et Maglia est un très bon coureur. Les brutes se tuent. Maglia commence à être assez connu. il deviendra célèbre. »
(2) Jean Genet qui écrivit dans Sport-Auto un billet signé J.G. pour défendre Maglia pris à partie par les policiers de Monza et cependant vainqueur du 5e G.P. de la Loterie en 1963. Voir: A Monza les Italiens n'étaient pas à la fête
(3) Résultats: V Grosser Preis der Solitude 1965
(4) Pour en savoir davantage, un site superbe: solitude-revival.org
20:02 Publié dans c.amon, j.maglia | Tags : chris amon, jacques maglia, solitude | Lien permanent | Commentaires (7) | Facebook | |
12 février 2014
Rétromobile : La confession d’une enfant du XXe siècle
Je m'appelle Ferrari 330 P4 #0858 (1), même si certains s'obstinent à me nommer 350 P4.
Rétromobile a été l'occasion de faire mon grand retour sur la scène parisienne.
S’il est vrai que sur le plan carrière, ma longévité n'est rien face à celle de la Ford GT40 yankee, sans même parler de la Porsche 917 teutonne, à l'applaudimètre j’ai pu constater que je reste une star incontestée.
RMs : Racontez-nous, #0848...
En inspirant profondément, celle-ci plonge dans son propre passé, si loin et si près à la fois :
#0858 : Ça c’est passé il y a 47 ans...
Craignant que #0858 se perde en préliminaires, RMs l’interrompt brusquement :
RMs : On sait ! Essayez juste de vous rappeler quelque chose, n’importe quoi !
Bien décidée de rapporter les faits à sa manière, elle toise Francis du regard avant de le remettre à sa place :
#0858 : Voulez-vous entendre l’histoire ou non, monsieur Memorychaispasquoi ?
Mal à l’aise de se faire gronder comme un enfant devant ses amis et conscient d’avoir sous-estimé la vieille gloire, Francis lui sourit timidement en guise d’excuse. #0858 reprend :
#0858 : Ça c’est passé il y a 47 ans, et je sens encore l’odeur de la peinture fraîche ! Le V12 n’avait presque pas tourné, personne n’avait encore couru à son volant. La Ferrari P4 était surnommée le "prototype de rêves", et il l’était... il l’était vraiment... !
Dans sa mémoire apparait l’autodrome de Monza, en cette fin avril 1967, pendant les essais. Tout à coup le feulement d’un V12 4L troue le silence, des sourires illuminent instantanément le visage des tifosis venus en nombre, enfin la #4 s’engage sur la piste, au volant l’ « ingeniere » Mike Parkes … le pilote-ingénieur de la Scuderia.
#0858 : Je débute sur mes terres à Monza, grée en berlinette #4, avec comme résultat une 2e place derrière l’autre P4.
RMs : Brillants débuts, cela rappelle un peu le triomphe de Daytona en tout début de saison, parlez-en à Bruno ...
#0858 : Une semaine après direction le toboggan des Ardennes, le grand circuit, le vrai, c'est le jour où le mirage devient réalité (2).
RMs : 5e place quand même (#9), toujours avec l’équipage Parkes /Scarfiotti.
#0858 : Ludovico Scarfiotti était le neveu du Signore Agnelli, président de la Fiat.
RMs : En juin c'est la course du siècle, les 24H du Mans 1967, la revanche attendue, David contre Goliath...
#0858 : Las, bluffée par les performances un peu ternes de la nouvelle Ford MkIV aux essais d'avril, la Scuderia joue la prudence en limitant la puissance de nos V12. Notre directeur sportif était Franco Lini.
RMs : J'avais passé le week-end à l'écoute de mon transistor sur "Europe 1" ou "France Inter". Quelle déception quand la #21 est rentrée aux stands le dimanche matin lors d’un arrêt non prévu pour changer les plaquettes de frein: 8 mn de perdues, cette fois c'était fini. (3)
#0858 : Mais il faut bien avouer que revenir sur la MK IV de tête avait nécessité beaucoup de la part de Parkes et Scarfiotti. L’italien n'en pouvait plus d'ailleurs, il était dans un état de fatigue... Et ce n’est pas Chris Amon qui a pu sauver la mise ! Avec sa chance habituelle, il n’a pas dépassé la 8e heure.
RMs : Tsss ! Magnifique seconde place quand même, avec en bonus la 3e place de la P4 belge #24.
#0858 : J’ai alors changé une première fois de look. On était en plein « Swinging London », la mode « mini » battait son plein, les mannequins étaient filiformes, on a décidé d’enlever le haut. Je deviens alors barquette et perds ainsi une quarantaine de kilos. Comme équipage on m’affecte deux sujets du Commonwealth, l’anglais Jonathan Williams et l’australien Paul Hawkins, surnommé « Swimming Kangaroo » depuis son plongeon dans le port de Monaco.
RMs : Il s’agissait quand même de rapporter de Brands-Hatch le titre de Champion du Monde,… une solide 6e place récompensera l’équipage britannique, #8.
#0858 : Ferrari avec ses P4 est sacré Champion du Monde des marques 1967. C’est alors que la CSI sort une vraie bombe de son tiroir : limitation à 3L de la cylindrée des Sport-Prototypes à partir de 1968, idée complètement « révolutionnaire » ! Nous voilà, mes camarades et moi, condamnées à une retraite anticipée.
RMs : Le Commendatore eut du mal à digérer l’affront… Finies les Ferrari P4, exclues les Ford 7L, adieu les Chaparral, du Messmer avant l’heure...
#0858 : Je fus alors vendue à l’américain Bill Harrah, de Reno (!) USA, en vue de disputer les épreuves CanAm. Changement de look à nouveau, j’adopte une tenue de spyder très estivale, perds encore des kilos au profit d’un surcroit de puissance, je deviens alors officiellement une 350 P4 Canam.
RMs : Une carrosserie extrêmement séduisante, des résultats un peu moins. Jonathan Williams #27. (4)
#0858 : Changement de continent un an plus tard, je dispute l’épreuve de Surfers Paradies avec l’équipage Chris Amon/David MacKay (#4). Pour 1968 direction l’Afrique du Sud où je pars disputer les Springbok Series aux mains de Paul Hawkins, UK - Team Gunston.
RMs : Les acteurs appellent cela des rôles de complément…
#0858 : Mais l’Europe me manque, et les victoires aussi. C’est triomphalement que je reviens à Magny Cours en mai 1969, pilotée par le grand Mike Hailwood (#85). Le second round à Dijon fut moins glorieux…
RMs : Et puis une robe orange pour une Ferrari…
#0858 : Je termine en 1969 mes folles années de course par une nouvelle Springbok Series drivée par mon nouveau propriétaire Alistair Walker associé pour l’occasion à Robin Widdows (#6).
RMs : Et ensuite ?
#0858 : Il se fait tard. Je vous laisse consulter mes états de service. Très heureuse d’avoir fait votre rencontre.
RMs : Vous êtes toujours aussi séduisante.
#0858 : Et puis je suis bien ici, à Rétromobile. Mon transporteur historique prend soin de moi, et non loin se trouve ma petite cousine la Dino. Elle me ressemble, non ?
RMs (en aparté): les vieilles gloires ne meurent jamais. (5)
Librement adapté du scénario de ‘Titanic’ de James Cameron.
Francis Rainaut
(1) 330 est la cylindrée unitaire, tu multiplies par le nombre de cylindres et tu as la cylindrée totale 3960 cc (Gérard Crozier)
(2) Victoire de Jacky Ickx/Dick Thompson sur Mirage-Ford
(3) Extrait des mémoires de Bruno
(4) J'ai construit il y a quelques années un proto slot-racing avec carrosserie de P4 Canam surbaissée
(5) Même en forçant un peu sur le silicone au niveau des rétros
Illustrations :
- Photos 1, 2, 10, 11 et 12 ©FrancisRainaut
- Photo 6 ©DavidSmall
- Photo 15 ©Champion n°31
- Autres Photos ©DR
Chassis #0858 de 1967
Berlinette Scuderia Ferrari
Châssis type 603, moteur type 237, boîte de vitesses type 603 R.
1971 - Walter Medlin, Orlando, FL, USA
1994 - restored
1994/Aug/26-28 - Monterey Historic Races, Laguna Seca Harley Cluxton
1996/Aug - offered for sale by Medlin
1998 - Medlin did not accept $9,0 Mio, asking for $11,0 Mio
2009/May/17 - NS - RM's Leggenda e Passione Maranello auction - highbid €7.25 Mio
2009 - displayed at Galleria Ferrari, Maranello, I
2012/Feb - offered by Talacrest Ltd., UK
2012/Aug - still offered by Talacrest Ltd., UK
21:40 Publié dans c.amon, l.scarfiotti, m.parkes | Tags : chris amon, l.scarfiotti, mike parkes | Lien permanent | Commentaires (3) | Facebook | |